Rencontre avec Charles Dauzet, fondateur du collectif Mad Cow
On inaugure ici une nouvelle rubrique. Elle sera consacrée à des rencontres avec des acteurs cantaliens impliqués dans des collectifs qui fabriquent et organisent des projets qui nous paraissent intéressants.
On leur laisse donc ici la parole.
Parce qu’ils sont des choses à nous apprendre.
Premier invité : Charles Dauzet, un des membres fondateurs du collectif mad Cow, organisateur d’événements tels que le mad Cow festival à la Cheylade, mais aussi La haut la nuit dans des lieux appelés à changer à chaque fois (le dernier étant au Château Saint Etienne à Aurillac lors de le dernière fête de la musique) mais aussi tourneur de clips et de films (dont Saisons), fabriquant d’activités toutes plus étranges les unes que les autres, où il s’agit de glisser sur à peu près tout ce qui est glissable (tapis de feuilles, étendue d’eau, escaliers de métro (!?)…) ou de s’envoyer en l’air grâce à des toboggans et catapultes, mini kart de fabrication artisanale… Barré vous avez dit ? Oui un peu…
A vous de juger…

J’ai commencé mes études à Clermont-Ferrand. Une licence de commerce. La troisième année, je l’ai faite à Dublin, où il y avait un échange Erasmus. Et ensuite j’ai fait un master de commerce à Toulouse de 2014 à 2016. Et c’est pendant ce master que Madcow est né. On est fin 2014.
Pour notre première vidéo en fait, j’étais tombé sur des vidéos d’américains qui faisaient des folies dans un lac en se tractant avec un quad où ils avaient accroché une bouée. Du coup, voyant cette vidéo, vu que j’ai la chance d’avoir un lac chez moi, un lac privé, j’ai eu vraiment envie de faire quelque chose d’un peu similaire pour s’éclater avec les copains le week-end. Il n’y avait pas du tout d’autre ambition derrière, c’était juste faire une attraction pour s’éclater pendant l’été.
C’est mon père qui, il y a 30 ans, a creusé un lac à Saint-Chamant. Enfin, un lac, c’est un étang, il fait quand même 2 hectares.
Il a creusé un lac !?
Non, il n’a pas creusé, Mais le terrain était propice parce que du coup, il était un petit peu en pente. Et en fait, il a juste eu à bâtir une digue et comme le terrain est très argileux, il y avait des sources qui arrivent. Qui ont rempli la cuvette. Donc bon, ça faisait quand même un certain chantier, ça a duré quasiment un an. Il avait des connaissances dans le milieu du BTP, donc ça lui a permis d’avoir des bulldozers plus facilement.
Et dans quel but?
Oh, dans un but purement de loisirs. Mon père a toujours aimé avoir des chantiers un peu farfelus. Donc ça, ça en faisait partie et après c’est toujours sympa, on aime bien la pêche, pour se baigner aussi, pour… C’est voilà… La présence de l’eau est toujours agréable à côté de la maison de campagne. En fait, à côté de la maison de la campagne, quand on était petit, on allait toujours s’amuser autour du lac. Et donc, en grandissant, ça a été l’occasion de passer à des choses un petit peu plus mouvementées. On était une bande de potes assez fan de sport extrême et de ski.
Vous grandissez où?
Et moi j’ai grandi à Aurillac et Saint-Chamant du coup. L’été, et toutes les vacances en fait, on les passait là bas. Les vacances scolaires avec les parents, les week-ends souvent on allait à Saint-Chamant. C’est la maison de la campagne en fait, de famille. Et sinon j’ai passé ma scolarité à Aurillac. Au lycée Duclaux. Et avant au collége Jules Ferry
Et donc, en 2014, je tombe sur cette vidéo qui me donne envie. J’en parle aux copains et on se met à fabriquer nous-mêmes notre propre toboggan. On creuse à la pioche, on avait aucun moyen.
Nous, c’est qui?
Alors c’est une bande d’amis, c’est… J’étais vraiment l’investigateur du projet, en plus c’était chez moi donc forcément c’était moi qui pouvais donner le feu vert. Et du coup c’était mes potes, qui sont toujours mes potes pour la plupart, du lycée, d’Aurillac, de la bande de copains. On était une dizaine et dont un noyau dur avec 3-4 personnes plus investies que les autres dont un de mes meilleurs potes, Geoffrey Vincent, qui est devenu mon associé ensuite. Qui est toujours mon associé. Et du coup, en 2014, on fabrique ce toboggan, une grande piste glissante au bord du lac. Il y avait une petite pente, on a fait une piste de 50 mètres, à la pioche, en fait, on a fait comme une piste de bobsleigh. Ensuite on faisait les aller-retours dans les décharges à ordures, dans les déchetteries pour récupérer tout ce qu’on trouvait de moquettes, de bâches glissantes pour faire une sous couche sous notre toboggan, pour matelasser et éviter qu’on sente les cailloux et donc on récupérait tout et n’importe quoi. C’était vraiment un peu crado parce qu’on avait… voilà on était étudiant et on avait aucun moyen, aucun argent à mettre là dedans et en plus ça coûte très vite du revêtement de sol. On a fini par trouver un pote pisciniste qui nous a fourni des liners de piscine non utilisés donc ça c’était la couche glissante. Ca, c’est vraiment une innovation de chez nous. Il s’est avéré que c’était vraiment le matériau qui glissait le mieux, qui était rigide et qui permettait d’avoir la meilleure glisse. On mettait de la moquette, du liner de piscine et on a fabriqué cette piste de bobsleigh au bord du lac. On a fabriqué au bout un tremplin en bois, comme un peu les tremplins qu’on retrouve pour le skateboard, le BMX donc avec une belle courbe du coup en prenant de la vitesse en se jetant dans la pente à plat ventre et en mettant de l’eau pour humidifier la piste ça nous permettait de glisser assez rapidement, de prendre la vitesse et de sauter dans le lac.
Entrez dans l'univers des mad cow...
Faut que ça glisse...
Faut aimer la glisse !?
Oui voilà, on est aussi skieurs, on était tous skieurs dans la bande, on a toujours aimé les sports de glisse. Moi je faisais du skate aussi, petit, c’est un sport qui peut être un peu extrême, un sport extérieur. Et ensuite, voyant que ça n’allait pas assez vite, on a voulu faire comme les américains et essayer de se tracter sur cette piste pour faire des sauts plus gros. Du coup j’ai eu l’idée avec ma première bagnole, une 205 que mon grand-père m’avait filée, de faire un système d’enrouleur autour de la jante de la voiture pour que quand on accélère, un fil s’enroule autour de la jante et qu’ensuite ça puisse nous permettre de tracter une bouée très rapidement sur la piste et de s’envoler beaucoup plus loin. Et donc on a mis ça au point et la première fois… Un pote, au début, on y allait en première vitesse tranquille, ça a fait un petit saut, on était un petit peu déçu et on s’est dit c’est moyen quand même ça va pas très loin. Et en fait, dès le deuxième saut, on a enclenché la deuxième vitesse et j’ai bien cru que j’allais tuer un de mes potes parce que je conduisais la voiture donc il était complètement soumis à mon accélération et j’ai accéléré trop fort pour un deuxième saut je l’ai vu faire un saut de 35 mètres dans le lac et il est monté tellement haut… La bagnole était en face sur l’autre berge en face et il est monté tellement haut j’ai cru qu’il allait venir s’écraser dans le pare brise quoi et il est retombé dans l’eau. On a un peu flippé et on a vu que tout allait bien. Et là, ça a été un moment de joie assez intense. On s’est dit, qu’est-ce qu’on vient de faire?
Parce qu’il est monté à 10 mètres de haut, il a fait un saut, il a fait 35 mètres de long, voire même un peu plus. Et on n’avait jamais vécu des sauts pareils en ski.
C’est qui le sauteur?
Le premier gars c’était Géraud Lafon. Il allait très bien. Il était assez familier du ski à haut niveau. Très sportif. Il s’est réceptionné impeccable dans l’eau. Et après donc on est tous passé et ensuite, tout l’été en fait, on a fait part de notre attraction et tous nos potes sont venus essayer. Alors tout le monde n’était pas aussi sportif et débrouillard. Donc il y a eu de la casse, des gens qui crachent du sang, des tympans cassés, des doigts pétés, beaucoup de plats… Pas des choses très graves mais disons que la plupart des gens faisaient le saut une fois mais ils ne recommençaient pas. Il y a énormément de gens qui l’ont fait une fois parce qu’ils voulaient le tester mais ils n’ont jamais ressauté.
La 205 elle est fixée au sol ?
Non, en fait elle est au sol, on l’a montée sur des parpaings. C’était une traction avant. Il y a une roue qui était fixée au sol et avec le différentiel toute la puissance partait dans l’autre roue qui était surélevée et donc quand on a accéléré, parce que si on avait eu les deux roues soulevées, ça aurait créé de la résistance dans la roue où il y a le treuil et l’enrouleur, ça aurait été l’autre roue qui aurait tourné ; donc en fait il fallait qu’il y ait une roue qui soit bloquée de sorte à ce qu’avec le différentiel, la puissance parte dans la roue la plus libre finalement, donc celle où il y avait l’enrouleur.
Et encore...
faut toujours que ça glisse...
Comment vous l’avez trouvé ça?
Un peu par hasard. En fait c’est moi qui ai eu cette idée de créer un enrouleur, je ne savais pas forcément comment marchait le différentiel mais du coup j’ai contacté le garagiste parce que je lui avais demandé de me faire fabriquer l’enrouleur et de le souder. Et tout de suite lui il nous a dit au début : mais ça va pas marcher avec le différentiel et après il nous a dit : ah si, en fait si vous bloquez la roue, si vous laissez la roue au sol, ça va marcher. Au début, je pensais faire un enrouleur super sophistiqué, déporté avec des ferrailles pour poser un enrouleur plus loin. Mais ça aurait eu trop de force de levier Lui tout simplement il a dit : non mais il ne faut pas s’embêter, il suffit de souder une jante à la jante originale de la voiture. Ca va déporter de 20 cm et ça sera beaucoup plus solide que si vous commencez à faire un déport de 1,5 m. Et ça sera largement suffisant pour pas que ça tape pas dans le carénage de la voiture. Et effectivement ça a marché, on guidait juste le fil ensuite pour bien qu’il s’enroule, sur la jante, mais ça marchait parfaitement. Et en fait, cette découverte de cet enrouleur et ce premier succès avec ces énormes sauts dans le lac, ça a déclenché un truc. Moi je rentrais en entrepreneuriat en fait, juste après, en master. Et on venait d’avoir fait ça pendant tout l’été et tous nos potes, on a juste fait des petites vidéos avec les téléphones portables. Et tous nos potes disaient : c’est incroyable, c’est incroyable… Et moi toute l’année, ça a travaillé en fait et je me suis dit qu’il faut absolument qu’on aille plus loin dans le délire. Et du coup pendant cette première année, c’est là que j’ai créé la marque Madcow, que j’ai commencé à investir dans du matériel vidéo, un drone. J’étais en alternance et je mettais tout mon argent dans du matériel vidéo, dans des Go Pro. Je mettais tout mon argent dans de l’achat de matériels. Et mon projet c’était l’été d’après de faire une grosse vidéo très bien filmée qui mette en scène tout ça.
Et c’est ce qui s’est passé. Alors ça n’a pas été évident parce qu’au dernier moment on a eu des soucis techniques, on avait fabriqué un plus gros tremplin, on était sur la fin de l’été, tous les potes repartaient, on a failli ne pas réussir à finir le tournage. C’était la première fois que je montais un projet un peu sérieux et assez risqué. Et je m’étais mis quand même beaucoup de pression et surtout j’avais économisé toute l’année, j’avais bossé toute l’année sur mon projet il fallait que ça passe, que le tournage se fasse comme il faut, c’était l’été 2015.
Vous étiez tout seul à financer?
J’étais tout seul à financer, je finançais tout seul, il n’y avait pas encore l’association à l’époque, ni boîte, ni rien et c’était juste voilà… C’était encore dans le stade de délire.
La boîte où vous étiez, qu’est ce qu’elle faisait ?
CLS, Collecte Localisation Satellite, une filiale du CNES qui est opérateur satellitaire qui vend des balises de pêche en mer pour faire la surveillance et du contrôle des pêches en haute mer. Donc strictement rien à voir avec l’événementiel. Comme tout bon cantalien, j’avais trouvé une alternance pour ne pas payer mes études. Pour que ça soit la boîte qui paye mon école et ça m’intéressait pas particulièrement mais c’était toujours mieux pour moi. Je suis plus pratique et l’école, ça a toujours été un peu long pour moi. J’étais très mauvais élève et c’était pas plus mal de mettre les mains dans le monde du travail.
Vous étiez en master quand même ?
Ouais. Mais j’ai été élu le pire cancre du lycée Duclaux. J’ai redoublé. J’avais trois de moyenne générale en terminale S. Alors mes parents m’ont un peu forcé la main et du coup ils m’ont fait redoubler à Clermont, dans une espèce de boîte à bac pour cancres comme moi. Et bon j’étais un peu malheureux tout seul et donc j’ai fini par avoir mon bac. Et ensuite ils m’ont payé l’école de commerce parce que j’étais accepté nulle part. L’école de commerce, c’est encore le seul endroit où on voulait bien de moi après le master. J’ai commencé à m’améliorer un peu et surtout avoir envie de me prendre en main pour rentrer à l’école de Toulouse.
Et qui filme vos exploits ?
C’était moi aussi . J’avais mon pote que j’avais un petit peu formé à ça aussi et on avait l’habitude de se filmer au ski quand même. Depuis un petit moment, on a des petites go-pro quand on était plus jeune et donc c’est pas compliqué de filmer avec ça pour le coup. Mais pour filmer avec le drone et la caméra de poing tout ça, où là il fallait un petit peu plus de compétences, c’était surtout moi au début.
Et donc vous êtes formé à ça?
Oui je me suis formé tout seul comme la plupart des vidéastes aujourd’hui, avec ces petites caméras qui sont pas des caméras cinéma non plus. Il y a beaucoup de tutos en ligne donc voilà, c’est assez simple de se former tout seul. Ca prend du temps, il faut s’entraîner surtout. Après, c’était pas la grande production audiovisuelle non plus les premières vidéos, c’était fait à la va-vite mais ça fonctionnait pas trop mal. C’est quand même assez léché, on faisait quand même depuis longtemps de la prise de vues, c’est le montage aussi qu’on travaillait pas mal. Depuis qu’on faisait des vidéos de ski, depuis pas mal de temps, on faisait déjà des petits montages. Donc là on a essayé de pousser le truc un peu plus loin. On utilisait quand même des logiciels professionnels, vu que c’était un projet d’un an en plus, on s’est enfermé avec Geoffrey et on a bossé sur le montage pendant des semaines à rechercher le plan parfait, la musique parfaite, à contacter l’artiste qui a écrit la musique pour lui demander les droits, à chercher pour faire des animations de titres, pour faire des… On a bien poussé le truc. On voulait sortir vraiment une vidéo parfaite et ça nous a demandé beaucoup de travail. Et cette vidéo du coup est sortie, on a réussi à finir à faire le tournage comme je le souhaitais sur l’été 2015 et elle est sortie en septembre 2015. Sur la chaîne Madcow sur youtube qui venait d’être créée pour l’occasion. Donc il y avait zéro abonné. Et en fait , on a lancé ça aussi, on a partagé sur Facebook tout ça et en fait ça a eu un succès de malade. Il y a tous les journaux qui se sont mis à reprendre et ça a été un buzz national, on a tous les médias, toutes les émissions de télé qui ont repris, la vidéo, sur YouTube, elle a fait 20 millions de vues. Et ensuite, dans l’année, elle a tourné à l’international et tout.
Ça dure combien de temps, la vidéo ?
Ça durait 3 minutes. C’est juste des images, il n’y a pas de narration. Et juste, on nous voit en train de fabriquer la rampe de lancement, de tout creuser à la pioche. Et on voit que c’est très… en fait, c’est ça qui a plu, c’est qu’on voit que c’est un délire d’étudiant sans moyen, avec la vieille 205 pour tirer les troncs d’arbres pour fabriquer la piste. Parce que la piste il y avait une partie aussi surélevée et où on avait carrément coupé des arbres pour en faire le plancher et on voit que c’est très artisanal en fait, c’est fait sans moyens. Et le résultat était quand même un peu impressionnant parce qu’on faisait des sauts énormes dans le lac avec personne qui ne sait faire une figure et tout le monde qui prend des énormes plats. Donc on avait poussé le truc assez loin et c’est ça qui a plu, ce côté artisanal et aussi la performance un peu.

Et la construction même, elle dure de combien de temps ?
La construction, on avait déjà attaqué l’année d’avant à poser un peu la piste. On l’avait perfectionné en 2015, mais c’était du boulot. On avait passé une grosse partie de l’été à faire de la pioche, à fabriquer le tremplin. Ça s’étalait sur un mois, un mois et demi.
Et vous étiez combien?
Ça dépend des jours. Le noyau dur, un noyau dur de 3-4 et de temps en temps, les week-ends, il y avait 10 potes qui débarquaient. Avec un noyau dur de 3-4.
Et c’est qui ces personnes-là du coup?
Ca a pas mal varié. Au tout début, les plus investis, c’était Geoffrey, Géraud Lafon et Baptiste Versange… C’était le noyau dur le plus impliqué au départ. Après ça a tourné, il y a d’autres gens qui se sont greffés au truc, il y a des potes qui venaient de temps en temps comme ça. Mais le noyau dur c’était ça au début. On était étudiants donc on était quand même tous libres d’été. Il y en avait qui avaient un petit job d’été comme ça mais globalement quand même, on était libres.
Et vous, pas de job d’été, vous ne faites que ça?
Ouais, les jobs d’été, ça m’est arrivé d’en faire un peu mais c’est vrai que pour cet été-là, j’étais en alternance, je bossais. L’été 2014, quand on avait commencé à créer la piste avant Toulouse, là j’étais en grandes vacances d’été. Je revenais d’Irlande et là j’avais deux mois d’été. Et j’avais pas fait de job l’été. J’avais fabriqué ça une bonne partie de l’été. Mais par contre en 2015, j’étais en alternance. J’avais posé des congés. J’avais dû me poser trois semaines en été. Et les trois semaines, je les ai passées à faire ça. Et c’est pour ça que j’avais la pression, parce que j’allais rentrer au boulot à la fin de l’été. Et mes potes c’est pareil. C’était après le théâtre de rue, c’était la fin de l’été et on a failli pas faire le tournage. Parce que un coup la météo allait pas, un coup on avait cassé le tremplin, un coup il y a un pote qui s’était blessé, on a dû arrêter le tournage. On a réussi à faire le tournage mais de justesse quoi.
Combien de temps avez-vous eu le tournage?
En fait c’était sur plusieurs fois. En fonction des copains qui venaient. La caméra, c’est moi mais ça avait pas mal filmé avec la go-pro et puis on s’était formé un petit peu à filmer avec la caméra aussi. Mais très autodidacte quand même. Mais comme ça comme la plupart des gens qui font de la vidéo aujourd’hui sur YouTube, ça reste très accessible. C’est pas comme à une époque. Aujourd’hui, franchement, il suffit d’un peu de volonté, d’acheter du matériel et de regarder des tutos. Et ça vient très vite.
Vous allez en Irlande, vous voyez cette vidéo des américains. Et là vous vous dites, tiens ce serait pas mal…
Oui c’était ça, je l’ai vue, j’ai dû la voir fin 2014.
Donc à la rentrée d’Irlande, vous vous dites, tiens ce serait pas mal de faire ça. Alors comment vous vous convainquez les amis?
Ça a été vite vu. Après, moi, ça a souvent marché comme ça aussi. Je commence à créer des trucs un peu seul. Et après, je commence à m’investir dans le projet. Et je montre aux autres et on est dans le même délire. Et ça leur donnait envie aussi. C’était chez moi, donc c’était quand même à moi d’initier la chose. Mais après, pour les convaincre, je leur montre juste la vidéo, je leur dis : bon on va faire la même chose et puis bien sûr, ils étaient partants. Parce que c’est un peu particulier quand même : aujourd’hui on va creuser une tranchée de je ne sais combien de long à la pioche, il faut quand même être motivé. Ils l’étaient mais on était tous dans le même délire, on avait envie de faire des conneries, on avait vraiment envie de s’éclater et on adorait tous le ski, on adorait sauter partout. Donc c’était dans la lignée de tout ce qu’on aimait faire. C’est pas une… Donc effectivement le travail que ça représentait, c’était pas dérangeant, c’était sympa, c’était du boulot mais on faisait ça en s’éclatant. Il n’y avait pas du tout cette pression justement, ce n’était pas un projet professionnel, c’était un délire de potes et on était tous dedans, donc ce n’était pas très compliqué de les motiver. Et voilà, cette vidéo est sortie, elle a eu un succès immédiat. En fait, je n’avais pas projeté tout ce qui allait se passer derrière mais c’est le succès de cette vidéo qui a fait que là, tout à coup, tout a explosé. Alors on avait quand même fait le boulot de démarcher des médias. Il y avait notamment un média qui s’appelait Spion. A l’époque, les vidéos dans le zapping de Spion faisaient énormément de vues. C’était une petite compilation de gags, délires un peu impressionnants. Et on avait réussi à choper un bel article en fait sur ce média. Donc tout de suite en fait on avait eu 20 000 vues sur notre vidéo d’un coup quoi, dès la sortie. Et ensuite ben voilà, ça a fait boule de neige avec les médias qui reprennent. Et alors d’ailleurs, nous au début on avait fait le choix que de publier la vidéo sur YouTube parce qu’on voulait que le nombre de vues monte sur ce média et que ce soit notre lien YouTube qui soit diffusé. Il y avait par exemple lune entreprise d’Aurillac qui avait téléchargé notre vidéo pour la republier sur facebook sans notre accord. Parce qu’on avait mis une une bouteille de vin à eux, sur la vidéo en se disant : on va faire un peu les chauvins et montrer des produits locaux dans la vidéo. Ils avaient repris ça, ils avaient diffusé. Moi, ça m’avait rendu fou de rage. J’étais sorti de cours à ce moment-là. J’étais en colère pour les appeler et leur demander de supprimer la vidéo parce que la vidéo, ils l’avaient postée et en l’espace de même pas une heure, elle avait plus de vues sur Facebook que nous sur YouTube en une journée. Et en fait, l’algorithme de Facebook et le mode de partage fait que ça se diffuse beaucoup plus rapidement. Et du coup, à partir de ce moment-là, ils ont supprimé la vidéo. Et nous, ensuite, on l’a partagée sur Facebook aussi. Et là, ça a explosé. Et là, on a été piratés de tous les côtés. C’est-à-dire que même le média 20 minutes avait repris notre vidéo et l’avait publiée, pareil, sans notre accord. Et on avait eu 4 millions de vues d’un coup. C’était l’époque où tout le monde se foutait en fait du respect de la propriété intellectuelle et tout. Sur Facebook, tout le monde s’en foutait. C’était juste on pique tout le contenu qu’on veut des autres et tout pour faire son audience et faire grossir sa page et personne ne respectait rien en fait. Et là, on avait plein de médias qui reprenaient notre vidéo. Et personne ne savait que c’était nous qui avions fait la vidéo. Et donc, si derrière on ne trouve pas un article ou un commentaire qui dit que c’est Madcow, personne ne sait que c’est Madcow Et les abonnés ne vont pas sur notre chaîne. Peut-être que les gens vont aller s’abonner à 20 minutes, mais ils ne vont pas venir s’abonner à notre page. Donc nous on aurait préféré que les vues et les abonnés viennent sur notre page ça fait toute la différence. Et bon on a quand même réussi à récolter pas mal d’abonnés et il y a pas mal de gens qui ont commencé à s’intéresser à ce qu’on faisait. Tout de suite après, il a fallu rentrer en deuxième année de master et là non j’étais sur la… Et là, toute mon année, j’avais plus du tout la tête à mon boulot, ni aux études. Je pensais plus qu’à ça.
Ah oui ?
Là j’avais décroché, heureusement que c’était des études faciles à avoir, disons, enfin un diplôme pas trop compliqué à avoir et que à l’entreprise ne mettait pas trop la pression parce que là je ne foutais plus rien, il n’y avait plus que Madcow qui m’intéressait
Et les autres?
Les autres ils avaient leur activité respective, ils faisaient leurs études. Geoffrey, il avait attaqué de bosser comme saisonnier, mais là après c’était moi qui gérais, ça a toujours été comme ça, c’était le cas au début déjà. C’est que j’étais vraiment l’investigateur des projets et la personne motivée qui préparait tout et les autres en fait venaient au moment de l’activité. Je préparais tout, j’achetais tout ce qu’il fallait, je commençais un peu les travaux parfois et j’organisais un week-end et je disais : venez, on va fabriquer ça ce week-end, on va filmer et voilà. Alors bien sûr, on avait une conversation, on échangeait, chacun donnait ses idées, ses avis, c’était bien sûr un truc de groupe en termes d’idées, mais toute la préparation et le travail qu’il y avait à effectuer, c’était moi qui le réalisais. Et suite à ce succès, on a eu envie de trouver des délires. Ca a été le ski sur les feuilles juste après qui avait cartonné aussi et après moi j’ai eu envie, dès l’été d’après, je me suis dit : il faut remonter à un autre projet dans le lac. Il va y avoir cette fameuse vidéo sur le ski dans laquelle c’est Geoffrey et moi qui skions sur les feuilles à l’Automne. On aime bien skier quoi! C’est pas si facile mais c’est pas si différent que sur la neige. On avait un petit niveau de ski quand même, on a toujours aimé des sports de glisse. Geoffrey il est saisonnier dans les Alpes, il skie comme un fou chaque année. Pour préciser un peu, Geoffrey donc il est saisonnier ; les autres, à cette époque là, Géraud par exemple il faisait des études de kiné et après il y avait d’autres potes, il y en a un qui faisait des études pour être instit, il y en avait un autre pour être notaire, tout le monde était dans les études à cette époque là. Ou alors il y en a qui commençaient peut-être à bosser, peut-être il y en a qui finissent les études. Ou font des stages, des trucs comme ça.
Un festival chez Madcow, c'est quoi ?
Et ben faut toujours que ça glisse... en quelque part...
Et l’idée du ski sur feuilles ça vient comment?
C’est l’idée, en fait, ma réflexion ensuite, ça a été de me dire, pour imaginer tous les projets et tout, c’était toujours la réflexion, c’est comment est-ce qu’on peut arriver à soit glisser, soit jeter quelqu’un quelque part, il y avait toujours une notion de mouvement en vidéo, d’une manière inédite en fait. Et du coup j’avais une vision assez large, je me disais sur quelle nouvelle surface on peut glisser, de quelle manière, comment est-ce qu’on peut être tracté, comment… donc voilà le ski on a eu envie de le tester sur toutes les surfaces. Donc un coup c’était dans les feuilles, un coup c’était sur de l’herbe, un coup c’était tracté par la voiture sur le lac en mode ski nautique, un coup c’était tracté dans l’herbe, un coup c’était dans le métro, c’est dans cages d’escalier. Donc voilà, le ski, on a essayé de skier un peu partout où on pouvait. Et après, l’idée c’était d’essayer de trouver des concepts aussi avec l’enrouleur de la voiture pour créer du mouvement et pouvoir faire de la glisse en fait. C’était créer de la glisse un peu partout et aussi des sauts quoi. Donc c’était comment est-ce qu’on va pouvoir se balancer dans le lac notamment de la manière la plus impressionnante possible, de la manière où on aura le plus de sensations. Puis après, on est allé un peu plus loin dans le délire, où on a commencé à créer des petits chariots pour aller sur la route, pour descendre le Puy Mary, fabriquer un tourniquet autour du lac. Des fois, on trouvait de l’inspiration aussi sur des choses qu’on voyait sur internet. Mais quand même le dénominateur commun c’est la glisse et les sensations de la glisse. C’est vraiment essayer de créer des activités un peu solides qui permettent d’avoir des sensations assez fortes et des sensations de glisse et ça a pas toujours marché, on expérimentait plein de choses et on en faisait quasi systématiquement une vidéo. Des fois c’était plus tourné vers l’humour, des fois c’était la performance pure, mais c’était pas toujours réussi. C’est-à-dire qu’en vidéo ça pouvait bien rendre, mais des fois on a fait une vidéo et puis on a arrêté parce que ça ne présentait aucun intérêt en terme de sensation. Comme quand on avait tracté derrière la bagnole… Oui, on a accroché un kayak, un canoë kayak derrière la bagnole et on allait rouler sur le Puy violent, on allait tracter le kayak avec un Père Noël dedans pour souhaiter joyeux Noël à tous les abonnés. Des fois c’est juste des petits gags comme ça. L’histoire du ski sur les feuilles, c’est l’automne. Ensuite en 2015, il n’y a rien d’autre. Ah si, le lac avait gelé et on s’était tracté sur la glace. Mais la vidéo, on ne l’a pas sortie tout de suite parce qu’elle était un peu… En fait, mon frère me traque sur la glace à fond sur une luge. J’ai atteint 80 km heure et je me mets tout droit et je m’explose dans la berge. Et après je gueule sur mon frère : t’as failli me tuer alors que c’était de ma faute, j’avais pas lâché mais j’ai tellement eu peur. Et ensuite au début 2016, j’avais préparé trois projets. Parce que là, je devais préparer les projets un peu à l’avance. Et aussi, on fonctionnait à l’opportunité. C’est-à-dire qu’un jour, il y avait des inondations, boum, on allait skier dans les inondations. Donc là, il fallait se dépêcher. Mais c’était vraiment… Oui, c’est ça, oui. On trouvait une idée comme ça de dernière minute et on essayait de la mettre en pratique. On essayait pas mal de jouer sur la temporalité. C’est ça qui faisait que ça faisait le buzz aussi sur internet. Bon des fois c’était pas toujours de très bon goût. Par exemple, quand il y a eu la crise des gilets jaunes, on avait fait une petite blague, c’était le tout début des gilets jaunes et on avait fait un pédalo qui avançait sur l’eau. On a mis des pales en fait pour se déplacer sur l’eau comme un radeau et on avait fait un scénario pour dire que c’était pour éviter les bouchons créés par les gilets jaunes, qu’on contournait les bouchons et qu’on passait par les voies navigables pour éviter les gilets jaunes. Donc en fait on essayait de profiter de l’actualité à chaque fois pour créer du buzz aussi et de l’interaction. Et donc il fallait être assez rapide et mettre en place des événements. Et il y a eu l’Arbalète Humaine. Et ça c’était un truc… En fait, je voulais reproduire le succès de l’été d’avant avec le toboggan. Et donc j’avais contacté plein de sponsors et tout, donc j’ai trouvé une marque de gilet de sauvetage qui avait accepté de nous sponsoriser, nous filer du matériel et aussi de nous rémunérer en fonction du nombre de vues.
Et ça pendant votre master 2 ?
Ouais c’est ça, pendant le master 2. Pendant le master, je pensais qu’à une chose, c’était le projet Madcow, le reste était devenu annexe.

D'abord s'équiper...
On est à La cheylade quand même...

Et même sur les verres...
Il y a des toboggans....
Et en tout cas, vous créez en 2016 cette arbalète humaine...
Et ça, c’était un projet que j’avais réfléchi pendant toute mon année d’alternance. J’avais investi pas mal de pognon là-dedans. Je crois que j’avais mis 3000 balles pour fabriquer cette connerie. On a essayé d’abord avec des sacs de sable. On mettait des sacs de sable de 70 kilos pour être sûr qu’on n’aurait pas tué quelqu’un et en fait j’avais dépensé beaucoup de mon argent, je m’étais mis une énorme pression parce que là, pour le coup, il y avait des sponsors derrière qui attendaient du résultat, il y avait la pression du risque aussi on faisait quelque chose d’inédit et dangereux. J’avais fabriqué deux élastiques sur mesure, beaucoup plus épais que du saut à l’élastique normal pour qu’ils aient vraiment une tension énorme. J’avais acheté un siège baqué, on avait fabriqué un chariot avec des roues de wagonnets pour que ça soit guidé sur les rails. Et avec la mini-pelle, mon père a une mini-pelle, ça aide un peu, on tendait l’arbalète, pour projeter une personne dans le lac. Le chariot était arrêté par deux ressorts, deux amortisseurs de voitures. C’est du gros jouet de bricoleur! Oui, là c’était Géraud Hébrard, qui était le soudeur d’à côté, qui nous avait fait toutes les soudures, mais le chariot pesait 60 kg, c’était des amortisseurs de bagnoles, il y avait tellement de tension et de pression, qu’on avait explosé les amortisseurs de bagnole ! Donc ouais, c’était un gros chantier et au final on a fait 7 sauts et on a démonté le bazar parce que c’était trop dangereux, que mon père il en dormait plus la nuit. Parce que mes parents ont toujours été pas trop restrictif , ils ont jamais eu trop peur pour nous et ils nous ont jamais trop freiné avec mes frères. J’étais un peu inconscient et du coup là mon père, il ne dormait plus la nuit parce que c’était quand même lui qui nous tirait avec la mini pelle pour tendre l’élastique, on avait créé un système de déclenchement avec un levier et on s’envoyait dans le lac comme ça. Pas très loin parce qu’il y avait une accélération qui était courte sur 10 mètres mais on prenait des énormes jets parce qu’on passait de 0 à 50 km/h sur 10 mètres.
Et le premier projeté c’était qui?
C’était Géraud le premier, Géraud Lafon. Il était casse-cou. Il voulait absolument le faire en premier, moi je voulais y aller parce que c’était un peu ma responsabilité mais il voulait absolument y aller et on avait jeté quelques sacs de sable avant. Après c’est moi qui y suis allé. Et pour le côté technique, on se rend compte un peu de la difficulté aussi, donc il y a quelqu’un qui intervient sur le côté technique… Mon père, il nous aidait juste à tracter avec la mini pelle pour disposer les poutres métalliques qui pesaient un âne mort. On avait utilisé un petit peu la mini pelle pour déplacer aussi les deux arbres, on avait coupé deux arbres pour faire les deux mâts qui retenaient les élastiques. On avait fait des trous avec la mini pelle pour enfoncer parce qu’on avait mis des arbres comme ça pour tenir, donc on les avait enfoncés avec la mini pelle. Mais mon père, il n’avait pas participé plus que ça à la conception, c’est moi qui avais réfléchi à tout ça. Et donc techniquement, pour la fabrication du wagonnet, on avait fabriqué ça avec Géraud Hébrard qui était le mécanicien agricole de Saint-Eulalie et qui a adoré nos projets et qui est devenu un peu aussi l’emblème. Qui est devenu vraiment la personne qui nous aide à réaliser tous nos rêves. Oui, oui, parce qu’à un moment donné, il y a quand même une vraie compétence technique. C’est quelqu’un, tout le monde le disait, que ça, c’est vraiment le Cantal, que des gars comme ça qui savent faire des choses aussi précises mais à la fois solides et qui ont cette capacité à réaliser tout ce qu’ils imaginent. Tout le monde savait qu’il a de l’or dans les mains, il sait tout souder, il sait tout faire. Et nous, dès qu’on allait le voir avec une idée, tout de suite, on nous disait « il faut faire ça, il faut faire ça ». Et boum, on ressortait de là, on avait de quoi faire la prochaine attraction. Il est malheureusement mort il y a deux ans.
Et moi, sur cette vidéo en fait, j’ai eu un petit déclic, je me suis dit : j’ai dépensé une énergie folle j’ai fait un truc dangereux et finalement pas drôle parce que la vidéo n’a pas marché, elle a eu très peu de succès alors que c’était la vidéo qu’on a travaillé le plus et c’était le projet le plus abouti, le plus travaillé, qui demandait plus de boulot et de pression et donc là après on s’est dit : non en fait, faut aller vers des choses plus spontanées, plus sympa, plus rigolote. Et voilà, ça a continué comme ça jusqu’à… On commence à avoir du budget et se dire qu’on pourrait gagner de l’argent ainsi avec la vidéo si on avait des sponsors. Parce qu’on vendait bien. Bon c’était du travail aussi mais on vendait les vidéos sur des médias américains qui repartageaient, on était inscrits sur une plateforme où nos vidéos pouvaient être utilisées à des fins commerciales et du coup on revendait des droits vidéo, des trucs comme ça. Et on avait créé entre-temps l’association et on commençait à avoir des projets, on faisait un peu d’événementiel, on allait sur des fêtes de village fabriquer des ventriglisses, on vendait des t-shirts, on a commencé à avoir une activité un peu économique avec l’asso.
A partir de quel moment?
A partir de fin 2016 je pense. Au début j’ai acheté tout avec mon argent perso. En 2016 il y avait encore rien je crois. L’asso doit dater de fin 2016 début 2017. Et voilà.
Vous la fondez avec les quatre du départ ?
Ouais. Il y avait Geoffrey, mon petit frère aussi dedans. Géraud faisait pas partie du bureau. il y avait peut-être Amaury Pouget aussi, je sais pas si Géraud faisait partie du bureau, il était très investi au début. Après, petit à petit, il est moins dans les projets à partir de 2018.
Vous parliez de sponsor pour l’opération Arbalète, c’était qui ?
C’était Neil Pride, une marque de gilets de sauvetage, une marque australienne. Là j’ai démarché des sponsors pendant une année à galérer. Je démarchais des marques comme ça. Et en fait, ce n’était pas du tout évident de se faire sponsoriser parce que l’activité était dangereuse. Et en termes d’images de marques et tout, personne ne voulait s’associer à ça. Et j’ai fini par trouver cette marque de gilets d’impact. Ils vendaient des gilets pour le wakeboard. Le wakeboard, c’est comme le ski nautique avec une planche. Une planche de surf. Il existe des parcs de wakeboard où on fait des figures sur l’eau, sur des rampes en fait, métalliques, pour glisser, slider sur les rampes, tout ça. Du coup, il faut être bien protégé avec des gilets de sauvetage bien matelassés et qu’ils ne soient pas gênants pour les mouvements, de sorte à se protéger en cas de chute et donc cette marque vendait des gilets comme ça et nous, c’était idéal pour faire toutes nos activités parce que il fallait qu’on se protège et donc je les avais abordés comme ça : voilà nous on va faire une activité à risque on a besoin de se protéger et votre matériel il serait idéal pour ça. Et voilà, on était rentré en contact avec le directeur marketing et on avait réussi à trouver un accord. En fait, ils nous rémunéraient au nombre de vues, on avait des gilets et, par contrat, ils nous donnaient pour chaque dizaine de milliers de vues, ils nous donnaient tant d’euros et puis voilà.
C’est beaucoup d’argent?
Non, c’était pas énorme. La vidéo aurait fait 20 millions de vues, oui, mais elle n’a pas eu beaucoup de succès. Donc, on a dû toucher mille et quelques euros avec ça. C’était pas un partenariat. Ah, ça a été une vidéo à perte, clairement. J’ai mis au moins 3000 balles et il y a dû avoir mis la même recette, même pas. Mais c’était… De toute façon à l’époque, c’était pas… Enfin c’était vraiment… Moi je mettais tout mon argent de l’alternance là-dedans et… Et c’était… Je comptais pas la défense quoi. C’était… Enfin je… C’était pas non plus des… A part cette activité là, mais sinon c’était pas… Généralement ça coûtait quasiment rien ce qu’on faisait. Mais oui je faisais ça tellement par plaisir et… Je regardais pas trop la défense quoi… J’avais des maigres moyens quand même, je ne pouvais pas non plus mettre 10 000 euros dans un projet mais là j’avais économisé toute l’année pour ça et j’avais perdu 2 000 balles mais ce n’était pas grave. Après on s’était rattrapé en vendant des vidéos. Après l’association, le petit budget de fonctionnement avec les petits événements qu’on faisait, les ventes de t-shirts, ça nous permettait de financer nos délires.
Et vous créez l’association dans quel but?
De cadrer un peu le machin et aussi par rapport à ces rentrées d’argent en fait. En tout cas, quand on a des rentrées d’argent et qu’on a des dépenses, il faut une structure. Et c’était pour aussi, par rapport à nos petites prestations événementielles, par rapport à nos contrats avec des marques, tout ça, il fallait qu’on ait une structure. Et du coup on fait des projets Madcow à fond dés 2017. Donc c’est l’intervention sur les fêtes de villages. Et puis des vidéos. Et en septembre 2016, moi j’avais fini mes études et je reste à Toulouse pour créer une boîte de recyclage parce que du coup quand même à cette époque là, je voyais pas madcow comme une entreprise. Pour moi c’était un projet de pote, une asso pour le délire, je n’avais pas la vision d’entreprise en fait encore de Madcow. Par contre je me disais, j’ai très envie de créer une boîte à Toulouse dans le secteur de l’environnement, du recyclage et donc j’ai créé la boucle verte.
Vous sortez du master et vous créez votre boîte ?
Oui. J’ai refusé la proposition de job dans l’alternance où j’étais. Ils m’ont proposé un CDI que j’ai décliné parce que déjà je me sentais absolument pas légitime parce que je ne faisais plus rien. Et ils m’ont quand même proposé le job, je n’ai pas compris pourquoi, mais c’était vraiment la grosse planque. C’était une filiale du CNES qui gagnait de l’argent très facilement en vendant des balises satellitaires. Il y avait une technologie qui était super intéressante, héritée du CNES. Donc financée par l’Océan National d’études spatiales, financée par le contribuable et qui profite à une boîte privée derrière qui est filiale. Et qui a une technologie en or, avec peu de concurrence. Et j’ai jamais vu une boîte, enfin bon, j’ai jamais fait d’autres boîtes, mais c’était la planque à un point… Tous les jours, on attaquait tard, c’était l’anniversaire de quelqu’un, ça bouffait des gâteaux jusqu’à 11h, et ça reportait le soir, et personne ne foutait rien quasiment. Enfin à part que certains tenaient quand même le truc, mais on était beaucoup à… Mais vraiment, c’était la planque. Une boîte idéale. Sauf que moi, je m’ennuyais. Il y en a plein qui ont voulu rester et qui se sont plu là-dedans parce qu’on avait des super salaires et on foutait pas grand-chose. Mais moi, je ne me supportais pas en fait. J’étais dans mon bureau, je tournais en rond.
Vous refusez et vous créez votre boîte. Vous avez l’esprit entreprenarial ?
Je pense que c’était Madcow qui m’avait donné cette envie. Je voyais que je m’éclatais tellement dans mes projets perso. Je trouvais que je n’avais jamais assez de temps. Dès que je prenais mes congés, je faisais ça. Sur les week-ends aussi. Je trouvais que je n’avais jamais assez de temps et je me disais que je pourrais faire des trucs vachement bien. J’adorais ça. Je n’avais aucune autre envie. A Toulouse, je regardais vraiment l’horloge tourner quand j’étais dans la boîte, je n’en pouvais plus quoi… Donc la question ne s’est pas vraiment posée, j’avais envie de me barrer de là et donc voilà j’étais tout feu tout flamme, j’avais de l’énergie à revendre parce que justement, vu que je glandais pas mal dans ma boîte, j’avais plein d’énergie ensuite à mettre dans mes projets et j’étais à fond et après j’ai compris ce qu’était la réalité des choses. C’était que monter une boîte dans l’environnement à Toulouse, c’était pas si évident que ça et je me suis épuisé parce que du coup j’avais à la fois ce projet à Toulouse de boîte et Madcow en parallèle qui prenait de l’ampleur et j’étais à fond sur les deux projets.
Vous créez votre boîte tout seul ?
J’étais seul sur la boucle verte à Toulouse. Petit à petit je commence à trouver des associés, mais ça ne marche pas forcément. Et en fait le projet était très bancal. Je suis parti vraiment la fleur au fusil.
Il n’y avait pas de modèle économique. J’avais fait une école de commerce, mais c’est comme si je n’avais rien fait. Je partais vraiment à l’arrache. En fait, je suis parti sans modèle économique, tout ça, juste en me disant qu’il y a quelque chose à faire là-dedans, parce que c’est un truc d’avenir. Et je voyais que quand on avait bouffé des fast-food, des kebabs, des burgers à Toulouse, on balançait tout le temps notre canette dans la poubelle. Je savais que ça n’était pas recyclé et je me disais, il faut faire quelque chose là-dedans, c’est un truc bien. Ce qui est vrai et pas vrai. Ce qu’il faudrait en tout cas. Ce qu’il faudrait, c’est de ne pas en consommer. Il n’y avait pas vraiment de modèle, ça n’intéressait pas forcément les clients, on n’arrivait pas trop à financer nos trucs, on a surfé un peu sur un buzz autour de l’écologie, plus sur du greenwashing quelque chose. Et à la fin, ça s’est arrêté quoi. Petite désillusion. Je suis parti là dedans en me disant que moi je suis sorti d’école de commerce et je me disais c’est l’entreprise, ce sont les entreprises qui vont sauver la planète en mettant en place des solutions écologiques, on nous a un peu bourré le mou aussi. La genèse du truc, c’était de se dire : il y a forcément une solution économique pour résoudre un problème écologique et j’ai déchanté largement en travaillant sur le terrain là dessus. Donc aujourd’hui, je suis plutôt dans cette mentalité que la sobriété va nous sauver et bon, c’est un parti pris en tout cas. C’est un peu l’histoire de la boucle verte, c’est du bon sens non ? J’étais persuadé qu’il y avait quelque chose d’hyper lucratif et à la fois écologique là-dedans. On a déchanté. Et bref, du coup, oui j’ai des convictions écologiques mais j’ai aussi pris l’avion pour aller à La Réunion. Mais bon, je suis comme tout le monde, je suis comme le français moyen disons. Je pense que j’ai toutes les connaissances et je connais bien tous les problèmes qui existent. Forcément j’étais dans ce secteur, j’étais au milieu, j’étais souvent invité à des réunions avec plein d’acteurs de l’économie sociale et circulaire, j’ai écouté tous les grands penseurs du moment, Jancovici, tout ça, je connais bien. Et du coup… Donc oui, je suis sensible à la cause. Et surtout j’adore la nature. Après, je ne peux pas dire que mon mode de vie actuel… Bon, je prends le train quand je peux, mais je ne peux pas dire que je sois un militant écolo non plus. Quelqu’un de concerné, oui, oui, carrément. J’essaie quand même de ne pas faire n’importe quoi, mais bon en fait, j’ai mes incohérences. Et du coup la boucle verte, en 2020, il y a le Covid qui est arrivé, mais ce n’est pas ça qui nous a fait arrêter, c’est que vraiment économiquement… À la fin, j’étais avec mon frère et un autre pote. Mon frère, qui était prof de maths, qui a eu une période où il en avait marre de son boulot était venu m’accompagner sur la boîte et on avait bossé ensemble. Et le pote en question, c’était un autre pote d’Aurillac, lui qui était un peu perdu, il savait plus quoi faire de sa vie, il était venu nous filer un coup de main comme ça. C’étaient pas des associés, ça a été assez ponctuel en fait, on avait une activité qui rapportait quasiment rien et au moins il n’y avait pas à se prendre la tête sur des histoires de répartition, d’associations de trucs, c’était : on fonce sur un projet pour lequel on est sensible et on se dit qu’il y a une cause à défendre mais on n’était pas à faire des pactes d’associés pour le moment. On est dans une période de notre vie où on s’est fait… Moi j’étais à fond là-dedans mais lui, il ne savait pas trop quoi faire et c’était une manière pour eux de contribuer à un projet qui avait du sens pour eux et de découvrir un milieu différent. Comme mon frère qui était prof de maths et qui se mettait à faire partie d’une start-up et l’autre pote qui avait perdu son boulot et qui avait envie de tester quelque chose d’autre. Et en fait ça s’est, on a arrêté, mon frère m’a dit en 2020, l’hiver 2020 il m’a dit on arrête à la fin de l’année, enfin bon, il m’a dit moi j’arrête, j’en peux plus, on a tout donné, ça marche pas ce machin. Et c’est ce qui m’a fait arrêter parce que, sans mon frère, je ne me sentais plus capable d’avancer sachant que moi j’étais à moitié à Aurillac pour Madcow et à moitié à Toulouse pour la boucle verte. Mon absence sur la boucle verte a démotivé mon frère et mon pote et donc voilà, à un moment ça ne pouvait plus durer. Je me suis cramé aussi, j’étais à moitié en burn-out, à la fin je courais partout et en plus ça marchait pas. J’étais au RSA et je gagnais quasiment plus rien. J’ai demandé à mon père qui m’a prêté de l’argent. Et voilà, et du coup, c’est qu’entre temps, en 2018, alors que j’avais la boucle verte, j’ai eu envie, c’est là que je me suis dit qu’il y avait du potentiel avec Madcow. J’ai créé la boîte Madow en mai 2018 avec Geoffrey, à qui j’ai proposé qu’on s’associe. J’ai donc créé deux boîtes. En six mois. Et en fait, naturellement, c’est vrai que les projets Madcow devenaient plus passionnants, on sentait qu’il y avait plus de… ça marchait mieux quoi. Donc naturellement, c’est vrai que j’ai commencé à mettre mon énergie beaucoup plus sur Madcow que sur la boucle verte. C’est aussi pour ça que ça s’est arrêté. Et donc depuis 2018, on a créé le festival. Mon associé est arrivé en 2018. On avait des petits projets événementiels. On faisait toujours des vidéos et on allait faire des petites prestations pour plein de types d’acteurs, des comités de fêtes, des festivals qui voulaient qu’on fasse un toboggan, qu’on répondait un peu à tout ce qui passait, on courait partout et à un moment on s’est dit, à la fin de l’été 2018, on s’est dit non mais là il faut qu’on crée notre festival à nous en fait, parce qu’on a toutes les cartes en main, on a une communauté sur le web… L’été 2018, on est allé faire un festival ensemble, un petit festival qui s’appelle le diamant vert. Ca faisait trois ans qu’on y allait et qu’on s’éclatait là bas. On leur avait fait un toboggan d’ailleurs pour eux et la vidéo avait fait 90 millions de vues sur internet, avait tourné au brésil partout et après ça on s’était dit : « Pourquoi on ne crée pas notre festival? On a la communauté, la débrouille, toutes les cartes en main quoi. » Et du coup c’est ce qu’on a fait en fait. Fin 2018, on a repéré, enfin c’était Geoffrey qui s’en est occupé, il a repéré tous les lacs du Cantal. Et même il est allé dans le Puy de Dôme, en Haute Loire et tout, parce qu’on ne trouvait pas au début ce qu’il nous fallait dans le Cantal. Il a repéré pendant quatre mois tous les lacs, il allait faire du porte à porte, il allait sur Google Maps, dès qu’il voyait un lac qui était potentiellement intéressant pour nous avec une pente à côté et des terrains autour pour faire des parkings, des sites et tout, il y allait, on a rencontré les mairies, tout ça, et on a fini par frapper à la porte de Cheylade en fait, comme ça. Une heure de route quand même en passant par le Puy-Marie. C’est pas la Haute Loire ni le Puy de Dôme, c’est sûr mais c’est quand même très difficile d’accès. Pendant l’hiver la possibilité d’y aller par le Puy-Marie n’est pas possible parce que la route est fermée. C’était quand même une bonne galère et c’est sûr que c’est ce qui fait le charme du truc. Et donc, on a rencontré le maire. Alors au début, le maire, on était tombé sur la secrétaire de mairie, qui nous a dit : le maire ne laissera jamais son joyau à une bande de jeunes comme vous pour faire une activité qu’elle ne comprenait pas forcément. Et finalement, on avait la chance d’avoir la notoriété Madcow dans le Cantal et le maire, Christophe Raynal, a souhaité nous rencontrer et ça s’est super bien passé. On a eu la chance aussi d’avoir l’agriculteur Ludovic Laverne qui a le pré principal autour du lac. C’était en fait un mec qui n’était pas un agriculteur de base et qui était paysagiste à Clermont et un ancien fêtard qui a accepté qu’on fasse le projet. Et donc voilà, 2019, première édition du Madcow Festival, sachant que moi j’étais encore dans la boucle verte. Donc c’était Geoffrey principalement qui avait mené l’organisation avec Amaury Pouget, qui est un autre super pote. Amaury qui est devenu président de l’asso, parce que du coup il y avait la boîte et l’asso. Et, en tant que nous mandataires sociaux, président et directeur général de la boîte, on ne pouvait pas aussi être dans l’asso. Et il fallait qu’on ait nos potes aussi qui viennent nous aider sur le festival, on n’aurait pas fait un festival à deux. Donc ils ont créé une asso avec Amaury, notre pote impliqué qui s’est intéressé, en président, Adèle Vidal notamment et Marion Allary qui est de Mauriac qui est une pote aussi d’assez longue date et Marion qui était une pote d’Adèle et voilà on a décidé de créer ce projet quoi en mêlant en fait un peu les savoirs et les savoir-faire de chacun. En créant une équipe c’était ça la force du truc, c’est qu’on avait des compétences diverses et variées dans l’équipe.
le madcow festival
Avec sponsors et guest star....
Toujours le festival...
tel qu'il se voit par ceux qui le font... et le soutiennent...
Alors qui amène quoi?
Moi j’ai amené le côté entrepreneurial, Amaury qui était éducateur spécialisé, quelqu’un de très posé, très réfléchi, très bon pour fédérer, très bon gestionnaire aussi, Geoffrey très bricoleur, Adèle fan de musique, d’autres potes électriciens, il y avait de tout en fait quoi, il y avait de quoi faire, on savait faire de la communication aussi, on avait nos caméras, on avait des réseaux sociaux, on avait les compétences qu’il fallait pour créer le truc. Et donc on a fait la première édition du festival à Cheylade qui a été un succès. Si on avait su dans quoi on s’engageait, je pense qu’on n’y serait jamais allé. On s’est dit : ça va, on va juste faire un événement. Moi je n’avais pas pris du tout la mesure du truc. J’étais extrêmement, ça m’a fait vieillir cet événement pour le coup, j’étais extrêmement gamin dans mon approche. Je faisais tout un peu à l’arrache sans me soucier trop des risques, que ce soit financier ou pénal. Et là, on s’est lancé là-dedans et moi je n’avais pas mesuré le risque. Il n’y avait rien qui était aux normes, c’était complètement fait à l’arrache. Et la préfecture quand même a mis son nez là-dedans. Il fallait qu’on déclare l’événement, vu qu’on voulait faire plus de 1000 personnes. Et là c’était un peu la douche froide. On avait commencé à communiquer sur l’événement, à s’engager, à créer l’asso, à faire des dépenses et tout. Et quand on a fait les premiers rendez-vous avec la préfecture, on s’est dit mais wow, on ne va jamais y arriver en fait.
Pourquoi?
Tellement de normes auxquelles on était incapable de répondre, tellement de demandes de sécurité, tellement de choses en fait, ça nous paraissait une montagne de boulot inattendu qui nous est tombé dessus. Et une grosse pression, de comprendre quelles étaient nos responsabilités. On disait : il faut faire ci, il faut faire là, toutes les infrastructures en termes d’électricité par exemple, qu’elle soit mise à la terre, qu’elle réponde à des trucs spécifiques, qu’il faut faire passer des bureaux de contrôle, qu’il faut mettre tous les chapiteaux et tout avec des résistances enfin qu’il faut des normes de résistance au vent, avec des plots béton, avec des amarrages, qu’il faut ensuite un site bien délimité, avec de la sécurité, des vigiles, des sens de circulation pour les automobilistes, mettre plein de choses en place aussi, renvoyer plein de documents, faire plein de déclarations, faire des tonnes de trucs qu’on n’avait pas prévu. En terme de jauge, en terme de sortie de secours, mettre le nombre de sorties de secours qu’il faut, mettre le nombre d’éclairages de sécurité qu’il faut, des éclairages autonomes qui s’activent la nuit tout seul en cas de coupure, mettre tout ce qui est consigne d’évacuation, tous les protocoles de sécurité. Au début, on a un peu halluciné. Nous, on faisait tout au bon sens quoi et là d’un coup la commission de sécurité… Surtout on a fait plein de structures, on fait des toboggans en bois, on n’avait même pas d’assurances. Après il fallait qu’on dépose des dossiers hyper précis, avec des notes de calcul, pour expliquer nos structures si elles étaient assez résistantes, si elles étaient bien construites, s’il y avait un architecte et un charpentier qui étaient là pour valider la structure, il fallait que nos échafaudages soient montés par des techniciens avec des diplômes d’échafaudagistes, c’était pour tout. Et là il fallait qu’il y ait une solution avec un groupe électrogène de secours en cas de coupure d’électricité. Il fallait qu’il y ait tout quoi et c’était de plus en plus… On a halluciné quoi et en fait, on était engagé dans le truc et on ne pouvait plus faire marche arrière. Donc on l’a fait mais si on avait su, on n’y serait jamais allé parce que nous, on se dit on va faire une fête, on va dire aux gens de venir et puis ça va bien se passer. Bah non, c’est pas ça quoi et on a eu de la chance parce qu’ils ont été assez sympa quand même et même si pas grand chose était aux normes parce qu’on pouvait pas tout mettre en place et c’est toujours pas le cas d’ailleurs même cet été pour la 5ème édition, tout n’était pas aux normes, c’est impossible, les normes françaises sont tellement complexes. Il y a tellement de choses que c’est impossible de ne pas prendre de risques. Donc, heureusement, la préfecture nous a fait confiance, a vu qu’on allait dans le bon sens, qu’on faisait ce qu’il fallait et on a eu la chance surtout d’avoir une belle météo, de ne pas avoir de rafales de vent. Parce qu’en première édition, on aurait eu les conditions qu’on a eues par exemple en 2023 80 km/h de vent, ou une pluie de malade c’était rideau, on pliait le festival. Il nous fallait des maîtres nageurs pour surveiller les zones, il fallait qu’on définisse toutes les profondeurs, qu’on calculait les mètres carrés pour les aires de baignade pour savoir combien il fallait de maîtres nageurs, il fallait faire les analyses de qualité de l’eau du lac, pour les cyanobactéries… Il y a tellement de choses, il fallait qu’on mette en place des rondes de sécurité la nuit au cas où les gens se noient dans le lac. Il y avait tellement de choses à faire, de signalétique à mettre, même sur la vigilance par rapport aux agressions sexuelles, par rapport à tout ça, sur le nombre de vigiles qu’il fallait qu’on prévoit, sur la protection civile, sur les médecins… Un nombre de choses qu’on n’avait pas du tout anticipé, on a halluciné, on est tombé dans un truc…
Et le budget ?
En fait on a eu la chance, au début on a investi un peu d’argent personnel sur les premiers frais, on a eu la chance de tomber sur la commune et la communauté de communes qui nous ont subventionnés. Et les premières pré-ventes de la billetterie ont permis de financer les premières dépenses. Et après, on a eu la chance d’avoir une très bonne première édition avec une météo parfaite qui a fait que, dès la première édition, ça a été une réussite avec mille deux cent cinquante personnes. Là, c’était l’association qui portait tout le projet, on savait pas encore de manière juridique comment comment gérer le truc, on ne s’était pas assez renseigné, donc c’était l’asso qui portait tout le projet. Il y avait un autre problème, c’était que le président de l’assaut, Amaury Pouget, qui portait toutes les responsabilités pénales et financières en cas de pépin. Alors que c’était nous, avec Geoffrey, qui étions dans la boîte finalement, qui étions aux manettes. Donc là ça n’allait pas. On faisait prendre un risque à notre pote, inconscient, sans le savoir, et même lui aujourd’hui il se dit « mais qu’est-ce que j’ai fait? Ca aurait pu très mal finir quoi ». Et donc après la deuxième année c’est moi qui ai repris. La boucle verte s’est arrêté en 2000 et c’est moi qui ai repris les rênes du truc parce que les autres se sont dégoûtés. Une fois, ça les a vaccinés. C’était risqué et c’était engageant. Nous, c’était ça la première année. Et pour moi, j’étais à une époque où, sans le vouloir, j’étais un peu tyrannique. Je chauffais à blanc tout le monde pour lancer plein de projets à la fois. Donc j’étais là avec mon frère et je lui disais : il faut continuer la boucle verte en même temps avec Geoffrey. Je lui disais : il faut qu’on fasse ça, il faut qu’on fasse ça, je l’envoyais sur 10 000 projets à la fois tandis que moi je courais partout. On avait lancé en même temps un projet de film qui s’appelait Saisons, le film Saisons avec Hugo Manhes. Donc, en même temps, Geoffrey, à la fin du festival, il m’a dit que je lui avais tellement mis la pression, je l’avais fait tellement sollicité qu’il a eu comme une dépression avec le festival, avec le film et tout… Il m’a dit : je crois que je veux prendre genre dix ans de vacances. En fait, il a pris des vacances. Un peu. Parce qu’on est resté associés et ça a continué mais, en fait, il s’est mis en retrait beaucoup plus, il avait besoin de souffler parce qu’il a explosé quoi. Et du coup, suite à ça, c’est moi qui ai voulu continuer, voyant qu’il y avait du potentiel. Moi, j’étais dans la merde aussi parce que la boucle verte venait de se casser la gueule, j’étais au RSA encore, j’avais rien qui me faisait vivre et j’étais dans cette espèce de fuite en avant où je voulais créer des projets partout et essayer de m’en sortir de n’importe quelle manière. Du coup je voulais absolument continuer alors qu ‘Amaury a aussi jeté les planches, il a dit : le festival moi j’en suis vacciné. Aussi moi je voulais absolument que ça continue parce que je sentais qu’il y avait un potentiel.
Et pour fixer un peu les choses vous faites ça avec un budget de combien?
Le premier, c’était 90 000 euros mais on a investi 2 ou 3 000 euros au départ et c’est l’argent de la billetterie, de la vente d’alcool et tout qui a permis de boucler. C’était une anticipation, on avait un budget prévisionnel qui était moins élevé que ça, qui était de 60 000 et on s’est dit : si on atteint notre objectif de vente de billets et de bières, ça devrait le faire, vu qu’on paye les prestataires à la fin la plupart du temps. Il y a quelques comptes à verser mais globalement on paye tous les prestataires à la fin donc il faut faire le pari qu’il y aura assez de consommation et assez de billetterie pour que ça puisse à la fin payer les prestataires. Donc on n’a pas avancé 60 000 euros mais c’était le budget initial de l’événement. Et finalement c’était 90 000. Et donc le truc s’est équilibré. Et a même on a même fait un petit bénéfice. Et du coup, voyant qu’il y avait du potentiel, c’est moi qui ai repris en 2020 la tête du truc. Je me suis renseigné auprès des autres festivals. J’avais une grosse pression parce que j’ai mesuré à quel point c’était un pari énorme. Et j’ai compris que là, ça ne collait plus par rapport à mes projets où avant, mine de rien, je faisais tout un peu à l’arrache. J »ai dû mûrir de manière un peu rapide quoi et surtout j’avais la pression de la réussite parce qu’ils avaient quand même vraiment géré la baraque et je me devais de… Ils étaient là mais en soutien, moins à la tête du truc et je me devais de réussir aussi quoi et donc je me suis renseigné. J’ai passé une année en fait à me renseigner sur le fonctionnement des autres festivals, à rentrer en contact avec Garorock et tout. On a créé une coproduction entre l’asso et la boîte de sorte à ce que les responsabilités soient partagées et que toutes les responsabilités financières et de sécurité soient portées par la boîte dont je suis président, c’était moi qui avais cette responsabilité. Et l’asso devenait juste responsable du côté artistique et de la gestion des bénévoles et n’avait plus de responsabilité. Sa responsabilité financière était stipulée dans le contrat comme étant limitée à ce qu’elle avait sur son temps d’entreprise et sa responsabilité pénale limitée à la gestion des bénévoles. Ca c’était inhérent à l’association puisque les bénévoles sont adhérents de l’association
Combien de bénévoles?
Cette année 200 mais la première année il y avait 20 personnes de l’orga et 60 bénévoles à la fin pour aider. Et, en 2020, malheureusement pas de festival. Moi j’ai bossé pendant un an pour organiser le festival, ça n’a pas eu lieu. C’est pour ça que j’arrête la boucle verte. Donc là, il y a tout qui s’écroule quoi. Plus rien. Donc 2020, année de m…. et heureusement, on a eu les aides de l’état puisqu’on avait quand même eu un peu de chiffre d’affaires avec nos autres projets de vidéos, le film et tout. Donc heureusement, sans les aides de l’état, la boîte ne serait pas là.
Le film Saisons, c’est à quel moment ?
C’est en fin 2019, on l’a sortie juste après le festival, début 2020. Après le Covid. Pas de festival en 2020 et la pression qui s’accumule sur l’édition de 2021. Et là, je me suis tué, j’ai grillé toutes mes cartouches. Je me suis mis une énorme pression. En plus j’avais eu des échecs avec l’arrêt de la boucle verte et tout. Vraiment, je me disais, c’était le projet de ma vie. J’étais chez mes parents, j’étais comme un étudiant, je passais mon temps à bosser et à ne pas trop penser à moi. Après 2021, je me suis un peu effondré, je n’étais pas très bien. Et c’est reparti en 2022 quand même. Là, on a fait une bonne édition en 2022. En 2021, on s’est tapé la pluie, c’était une édition vraiment très difficile. On a dû aussi se former mais c’était apocalyptique là : 6 degrés et il pleuvait. En 2023, derrière il y en a eu du vent, on a eu quasiment le même temps qu’en 2021. 2023, c’était pas cool. Et du coup, on a dû annuler la dernière journée… Non là, c’était vraiment dur. Mais de plus en plus, ça c’était pas trop le cas au début, il y en a qui nous font des contre-soirées au camping. On est tellement tributaires de la météo, c’est hardcore. Nous, on aurait eu une mauvaise météo, la première édition il n’y avait plus rien, c’est simple. La première édition est décisive.
"Saisons"
le film...
Saisons toujours...
Soirée de lancement et making off
Et pourquoi les choix musicaux, disons plutôt électro?
Ouais, c’est le truc qui se fait chez les jeunes. Après, c’est pas que l’électro, c’est quand même la musique actuelle aussi. En début de soirée, on n’attaque pas direct avec de l’électro, c’est quand même chansons et tout. Mais mais oui on y vient quand même assez vite, c’est que de toute façon la plupart, beaucoup de tubes qui sortent aujourd’hui, beaucoup d’artistes quand même, bon ils mixent plein de styles différents mais la dominante c’est quand même electro quoi aujourd’hui. Ce qui se produit en pop electro souvent, c’est des mélanges et c’est vrai que c’est la musique festive, c’est bien. On ne veut pas une musique, un style de musique joué en particulier, on veut vraiment plaire à tout le monde. On a fait du karaoké cette année sur la scène 2, ça a marché à fond avec des grands tubes des années 80. Ça c’est l’association qui fait la sélection musicale principalement. On en parle tous mais c’est les filles de l’asso qui sont devenues présidentes depuis qu’Amaury a arrêté. Adéle qui est devenue présidente et Marion vice-présidente. Et ça n’a pas bougé après. Parce que Amaury, on l’a grillé et s’il a toujours été présent chaque année sur tous les événements, il est plus en retrait. Dans l’asso, personne ne vit de ça en fait. Ils font ça pour leur plaisir, sur leur temps libre. C’est une implication énorme, Adèle et Marion. Elles, on se débrouille, vu qu’elles sont mandatrices de l’asso, pour qu’elles touchent quelque chose. Sinon, il n’y a que moi et Geoffrey qui sommes rémunérés. Avec la boîte, du coup, c’est plus simple et on vit de ça depuis 2021, principalement du festival, c’est le gros chiffre d’affaires de la boîte.
Et l’avenir du festival ?
Moi j’ai fait le tour. Je n’ai pas envie de recommencer cette année et j’aimerais que ça continue sans moi. Mais dans l’équipe personne n’est chaud de reprendre, tout le monde à son activité. Ils se voient pas le faire sans moi et même si j’y suis, j’ai accepté à le faire en soutien mais personne ne veut pas prendre la tête du truc. Adèle non plus. Donc cette année oui oui sauf miracle, a priori il n’y aura rien. « là haut la nuit » par contre, un autre événement qu’on organise, continue. Parce que ça c’est beaucoup plus simple et on prend du plaisir à le faire. Alors que l’autre c’est plus le cas. Moi non, ça fait un moment déjà que c’est plus du plaisir. Et les autres dans l’équipe, certains oui mais…
C’est quoi la différence entre les deux en fait?
L’engagement, la charge de travail, c’est la monotonie des tâches, c’est les responsabilités, c’est la bureaucratie, les tâches administratives, tous les dossiers de subventions, tous les dossiers de préfecture de sécurité. En fait moi ça m’a vacciné. En fait c’est pas ce qui m’attire, moi j’aime bien créer des trucs, être sur le terrain, bricoler et là… Ouais j’ai perdu beaucoup d’intérêt. Donc même si ça marche… D’une certaine manière, aussi, il n’y aurait pas eu le côté financier, je pense que j’aurais arrêté déjà depuis deux ans. C’est parce que pour une fois, j’ai fait un projet qui marchait financièrement, c’est ce qui m’a poussé à continuer. Mais là, la motivation financière ne suffit plus. Là, je sens que je suis en train de me cramer et que je n’y prends plus aucun plaisir. Là haut la nuit, c’est beaucoup plus petit comme projet, c’est une soirée. L’an dernier, on l’a fait en intérieur et on pense qu’on va continuer, c’est beaucoup plus facile à aménager, beaucoup moins risqué. On l’a fait dans une stabulation agricole à Saint-Cernin. Et l’idée c’est de changer de lieu à chaque fois. Donc déjà il y a la nouveauté, le fait que l’on explore un nouveau lieu à chaque fois, donc c’est un côté plus sympa, moins monotone. Et voilà, c’est une petite soirée qui est à l’équilibre, on ne gagne quasiment rien, on fait ça pour le plaisir. Il y avait 1000 personnes. Mais c’est que voilà, c’est en terme de pression, on est sur un budget à 40 000 euros. Et du coup ça n’a rien à voir. C’est 10 fois moins gros. Tout simplement 10 fois moins gros donc 10 fois moins de pression. Et ça reste plaisant. C’est un moment où on se retrouve avec les potes. On en demande pas trop aux potes de l’asso qui viennent juste aider une soirée. Ils sont contents. C’est un moment de retrouvailles et tout. Alors que le madcow, c’est une semaine de nuit blanche, c’est pas la même chose. Et aujourd’hui il y en a qui commencent à avoir des gosses, dans l’équipe on a vieilli aussi donc c’est sûr que… Après on a envie de continuer ça pour les jeunes du Cantal, pour proposer des choses pour les jeunes qui s’éclatent, parce qu’on aime ça aussi mais le madcow festival, j’aurais adoré que ça continue mais on n’a pas trouvé la solution pour que ça perdure. Peut-être que ça aura inspiré d’autres gens qui auraient envie de faire pareil. C’est très particulier comme projet, c’est le mode de vie qui est très particulier, passer un mois et demi à la Cheylade, toute la pression, moi c’est le côté cyclique de faire un événement, bosser 10 mois dessus de l’année, avoir la pression qui monte 5 mois à l’avance, monter en pression, monter en pression, boum, décharge d’adrénaline, ça retombe pendant 2 mois, incapable de bosser, et puis ensuite on attaque le cycle infernal. Franchement, six ans, ça m’a suffit. Donc là j’ai envie de changer et l’équipe ils savent aussi, ils mesurent ce que ça représente et en fait on aura un concept plus simple, comme la plupart des festivals où on monte un site en trois jours et on fait venir des artistes seulement si on a des infrastructures, ok ça pourrait continuer. Mais là notre concept est tellement décalé et exigeant que… Par rapport à la construction des structures et tout ça et puis par rapport à faire venir 3500 personnes aussi, il y a plein de difficultés donc c’est risqué. Et puis le fait d’être à 1000 mètres d’altitude au bord d’un lac avec une météo capricieuse, une qualité de l’eau qui n’est pas toujours au rendez vous comme il y a deux ans, on a failli ne pas pouvoir faire nos activités dans le lac. Donc c’est pas évident quoi et c’est surtout que c’est un risque qu’on est plus prêt à prendre à un certain âge.
Et du coup il est constitué comment votre budget sur le festival ?
On a quand même des subventions. Alors ça c’est drôle, parce que la région ne nous donnait jamais plus. Et depuis 2023, la vice-présidente de la région a eu un coup de cœur pour notre festival. Et a décidé de nous filer un peu plus. Donc en fait on a eu une énorme surprise. On est passé de 2000 à 25 000 euros. Et sinon il y a la commune, la direction régionale des affaires culturelles, les financements publics d’état, des appels à projets. On a 8 financeurs publics quoi. C’est beaucoup de dossiers, c’est assez long. Ca nous permet de toucher 60 000 euros de subventions. Et après c’est l’autofinancement. C’est la billetterie et la bière. Beaucoup de bière. Cette année on a fait 13 000 litres. 13 000 litres sur 3 jours ! Mais rapporté au nombre de… Il y a 3500 personnes donc bon ça fait 4 litres par personne !
Vous pouvez pas imaginer de faire un festival plus simple?
On y pense, mais ça sera trop tard pour 2025 et on n’a pas l’énergie, je crois. On n’a pas la motivation, mais on se laisse la possibilité pour 2026.
Combien êtes vous dans le collectif ?
Dans l’asso, il y a 25 personnes, dont deux personnes extrêmement engagées, Marion et Adèle, vice-présidente et présidente, et les autres qui font ça de manière beaucoup plus ponctuelle. Donc vraiment, chacun a un niveau d’engagement différent. Mais il n’y a que Marion et Adèle qui touchent une petite rémunération, et tous les autres, c’est entièrement bénévole, et c’est du plaisir au dernier moment. Donc on est finalement que quatre. A supporter la pression. C’est moi qui la prend le plus parce que j’ai le gros des responsabilités. Et c’est mon activité principale à l’année. Alors que Geoffrey il fait les saisons toujours. C’est un rythme de vie qui nous correspond bien. Il vient aider à partir du mois de mai. Après le mai. Pendant l’activité bricolage. Lui c’est un mec de terrain.
Un peu comme vous?
Un peu comme moi mais lui il pourrait pas… Enfin il l’a fait un an mais il est vacciné. Faire les dossiers de subventions. Et la paperasse, c’est un truc… Il aime pas ça. Il est pas fait du tout pour ça. Il va l’expédier au plus vite. Et après, la comptabilité c’est pas un truc pour lui non plus. Moi je le fais. la comptabilité. Moi je le fais, j’ai pas le choix de toute façon. Mais voilà du coup c’est un modèle de fonctionnement qui lui allait, parce que lui pour il aime bien le côté terrain du festival, il subit moins la pression quoi. Donc lui il aurait bien aimé continuer mais bon voilà, si j’arrête il est malheureusement obligé d’arrêter aussi. Donc il faut avoir l’envie. Là il y a moins… En fait c’est sûr, l’envie, elle y est pendant qu’on est à Cheylade, pendant l’action, mais surtout dans la préparation en amont, là elle y est moins qu’auparavant. Là je ne peux pas m’imaginer, là, à bosser dessus, il faudrait que j’attaque maintenant, ouvrir la billetterie pour Noël, commencer à faire la com’, commencer à faire la programmation. J’en ai aucune envie.


La haut la nuit...
Chateau saint Etienne. Juin 2025
Et le tournage du film saisons avec Hugo Manhes?
Oui, c’était en 2018. On a préparé le projet en 2018, on a fait le tournage sur tout 2019, donc en même temps que le festival. Et moi, je m’occupais plus du film que du festival et ça s’est étalé, on a fait des recherches de financement sur tout 2018. Parce qu’au début on avait demandé un billet au département pour financer le film, ils n’ont pas donné suite. Donc, on s’est dit, on va se tourner vers des privés. Donc on a fait une campagne de financement auprès de toutes les entreprises du Cantal et on a levé 50 000 euros et ça nous a permis de… ça a été beaucoup de boulot aussi parce que du coup, chaque entreprise avait une contrepartie donc une vidéo de promotion, des avantages, des trucs, et du coup ça faisait aussi partie du boulot et on a levé cet argent en 2018. Et en 2019, on a commencé le tournage avec une partie ski l’hiver, une partie wakeboard l’été et une partie parapente l’automne. C’était ça la chronologie du film, le fil rouge. Et avec Hugo, on a fait ça en coproduction aussi.
Et pourquoi lui ?
En fait, c’était suite à une rencontre au Diamant Vert. On a sympathisé, on ne se connaissait pas. On s’est rencontrés au Diamant Vert. Et on s’est dit, lui aussi faisait des vidéos, tout ça. Et on s’est dit, ça serait cool qu’on fasse un projet ensemble, pour faire la promotion du Cantal. Et autour des sports extrêmes. Lui aussi été assez intéressé par ce domaine là et l’idée est venue comme ça. Et donc on a réfléchi à une idée, on a réfléchi à un financement et on a sympathisé, c’est lié à cette rencontre avec lui.
Parce que vous faites le film et il est diffusé où ?
Au cinéma, en avant première, avec les partenaires et après sur youtube. On n’aura plus qu’en ligne, on n’aura plus rien donc, c’est qu’avec le financement en amont, on aurait pu essayer de le diffuser plus mais on s’y est mal pris, on a fait les choses à l’envers, on n’a pas fait comme il fallait.
C’est un projet à combien?
Le film, 50 000. Ça nous a permis d’acheter une caméra de cinéma, de payer les athlètes et tout. C’est pas nous. Là on a pris des athlètes pro. On avait le champion du monde de wakeboard junior. Un gars de l’équipe de france de ski . En vtt, c’était pas un pro c’est un gars du Huron qui a roulé en championnat du monde. On y a dépensé pas mal d’énergie et puis quelle promo pour le Cantal ! Mais, au niveau politique, ça n’a jamais été trop reconnu. En fait, ils nous prennent pour des conférences mais pour eux, on fait juste de la com et eux aussi ils font de la com. Ils ne sont pas dans une logique de collaboration avec nous.
On peut se demander si c’est pas finalement les ravers qui ont raison. Eux, ils se retrouvent en 20 minutes dans un champ de manière illégale. Ils sont sur des groupuscules, en fait. Et c’est des communautés tellement soudées, qu’il suffit qu’il y en ait un qui organise un truc, et toute la famille qui débarque. Comme ils ont fait à Saint-Flour, au-dessus de Saint-Flour là-bas. Oui, ils ont envahi un endroit. Mais c’est 5 jours ça. Oui, et puis c’est en toute illégalité. Ils déclarent rien. Ils squattent quelqu’un. Ils perdent moins de temps en organisation. Et puis tout le monde est autonome, chacun ramène ses enceintes, chacun ramène sa bière, c’est pas la même chose, c’est gratuit, c’est pas une organisation. Mais c’est quand même un peu organisé. La préfecture, on en avait parlé une fois avec eux, ils nous disaient malgré tout, en fait, ils sont bien organisés, il n’y a jamais de débordement, de même ils prennent des services de secours, de même ils vont se débrouiller pour organiser le site, pour la fluidité de l’accès. Donc en fait, ils font les choses bien, mais ils n’ont pas la contrainte des déclarations. Et oui, il y a des avantages quand même. Clairement. Il y a des avantages. Je pense qu’ils font moins de burn-out que nous. C’est clairement pour passer du bon temps. Après, il ne faut pas se faire pincer quand même. Je ne sais pas en fait. Moi j’aimerais bien en rencontrer aussi, ça doit être intéressant. Mais bon, ils sont pas facile à approcher. Bah ils aiment pas trop. C’est sûr qu’ils préfèrent se cacher.
Autres élucubrations à la sauce madcow....
A salers comme à Argentat.