Sarrant : drôle d'endroit pour une librairie

Sarrant donc…Le Gers… C’est quoi le Gers dans l’imaginaire collectif ? Jacques Fouroux pour les sportifs, le foie gras pour les gourmets spécistes, l’armagnac pour les fines bouches, le festival de Marciac pour les amoureux du saxophone, et puis… Et puis ? Et bien, pas besoin d’avoir fait Normale Sup pour comprendre que ce doit être à peu prés tout ce que ça représente pour le monde autour. Depuis Strasbourg jusqu’à Hossegor. Parce que le Gers, c’est aussi la diagonale du vide. Et d’ailleurs, à ce titre, évidemment traversé par notre globe trotteur Mathieu Mouillet ( raconté par ailleurs).

Seulement, ça, c’était compter sans l’obstination – la folie ? L’inconscience ? Le courage ? – de deux acolytes, Didier et Catherine, dûment unis par les liens de l’amour réciproque, qui ont décidé, à l aube de l’an deux mille, de faire de Sarrant un haut lieu reconnu sur la cartographie de la passion pour le livre, la chose écrite. Et donc, pour ce faire, ils créent in situ, au beau milieu d’un village circulaire, établi autour de son église depuis la nuit des temps, dans un ancien hangar, une librairie-tartinerie. De quoi rassasier donc à peu près toutes les faims.

Seulement, ce constat d’une réussite improbable, c’est nous qui l’établissons en ces jours de décembre 2018. Vingt printemps plus tard. On l’établit parce qu’on l’a constaté bien sûr. Et que les faits parlent d’eux même. Quinze mille visiteurs par an poussent la porte de la librairie que nos deux esprits forts ont pris le temps de nommer «  Des livres et vous… ». Pas loin de trois cent cinquante manifestations ont été organisées dans les lieux ou alentours autour du livre. Quatre emplois créés au fil du temps, un chiffre d’affaires qui se maintient autour des quatre cent mille euros, le projet qui se prolonge maintenant en une volonté de création d’une maison de l’illustration, sorte de résidence d’artistes et de lieux d’exposition pour illustrateurs. «  Si on arrête de ramer, le courant nous emporte vite en arrière » nous raconte Cathy.

Alentour

Alors, bien sûr, pour qui s’intéresse un peu à la vie du livre, on connaît un peu le tableau. Pas toujours réjouissant loin s’en faut. On connaît la crise de l’édition d’abord qui ne sait plus quoi publier pour enrayer le déclin de la lecture. On connaît aussi trop bien des libraires de centre ville qui ferment leurs portes faute de rentabilité ou ce que les argentiers de ce monde tiennent pour tel ( excellent contre-exemple par ailleurs avec la reprise par ses salariés de la librairie des volcans à Clermont-Ferrand qui se porte depuis comme un charme : merci pour elle !). On comprend, sans trop oser y croire, qu’on est en face d’une lente asphyxie de la circulation de l’objet livre à l’heure du tout écran. Bref, on lirait moins. Les stocks d’invendus s’entassent partout, dans les hangars, les arrières-cours, les innombrables bourses aux livres, les malles des marchands d’occasion trimballées dans des coffres de camionnettes, d’un marché à l’autre, aux quatre coins du pays. Et puis Amazon, et puis la hausse du prix des loyers, et puis tout un monde qui s’agite derrière les rectangles plasma et qui, de toute façon, c’est bien pratique, pensent à notre place…

Bref, il faut être un brin cinglé sur les bords pour imaginer ouvrir une librairie par les temps qui courent. Et il faut sans doute l’être encore plus pour le faire à Sarrant, charmant village certes, 377 âmes au dernier recensement, une heure de Toulouse. Alors, on est allé voir. Oh ! On n’est pas les premiers, piqués par la curiosité. On vient de partout même, le dossier presse sur les lieux est bien fourni. On est allé rencontré Didier et Cathy, mais aussi Alix, Claire et Laura, les trois employées. Un beau matin de décembre, un samedi, ils préparent un noël autour de la poésie et du dessin, tout le week-end, et ont invité auteurs, illustrateurs, éditeurs, musiciens et simples manants à se frotter un peu autour des mots et d’un excellent vin chaud. Dans l’effervescence ambiante – il faut avoir vu arriver Alix, Claire et Laura avec leur plus beaux vêtements pour en prendre toute la mesure – , Didier virevolte partout pendant que Cathy m’accueille autour d’un café. Tant de choses à penser, tant de choses à ne pas oublier : bon dieu, mais où sont les livres de Pierre Maynard ? Et le vin ? Avec quoi on le fait chauffer ? Quelqu’un a vérifié si le chauffage marchait ? On s’engueule un peu, un peu stressé quoi, comme quand on reçoit à la maison des gens qu’on ne connaît finalement pas si bien que ça finalement non ? … Et puis à un moment, tout le monde ayant pris son café, chacun part dans une direction qui lui ait propre, en orbite autour de la librairie. Revient alors Didier. Qui a fini par trouver les livres recherchés. Qui est disponible donc.

Alors, on ne lui a évidemment pas demandé jusqu’à quel point il était cinglé, mais il nous expliquera que tant d’autres se sont chargés de lui faire savoir tout au long de l’aventure. Surtout à ses débuts. C’est beaucoup moins le cas maintenant sourit-il. Didier Bardy a un sourire qui lui va bien. Il le fait autant avec la bouche qu’avec les yeux. Il nous raconte cette extraordinaire histoire. On ne sait pas si elle aurait plu à Edgar Allan Poe, mais on veut bien prendre les paris…

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Au départ donc, il y a un rêve partagé, ou plutôt qu’on fait se rencontrer, un alignement de comètes en quelque sorte : «  On était à la fin des années quatre-vint dix. Moi, ça faisait plus de vingt ans que je travaillais. J’avais fait différents métiers, j’avais tenu une exploitation agricole, dans le Tarn et Garonne, deux cent brebis, héritée de mes parents, qui a fait faillite. En 89, je reprends des études en sciences sociales, passe une maîtrise. Je deviens prof dans l’enseignement agricole en parallèle, et puis après, je re-reprends des études et étudie la sociologie de Bourdieu, de Paulo Freire, j’écris un mémoire sur la pluriactivité en milieu rural ( tiens, tiens!). Encore après, j’ai travaillé pour différentes instituions publiques, le conseil général de l’Hérault, le conseil régional de Midi Pyrénées sur la formation des moins de 26 ans, la préfecture de région où je participe à la création d’un fond régional d’innovation pour l’emploi, comme chargé de mission,. J’y avais développé des compétences qui étaient reconnues institutionnellement en matière d’insertion professionnelle et de développement local et je suis devenu un espèce d’électron libre dans le jeu des administrations publiques. Un marginal. Peu de hiérarchie. Le type qu’on sollicite pour développer des projets... »

Didier

On le verra plus loin mais cette appétence développée pour la formation, c’est important de l’avoir à l’esprit parce qu’elle va être nécessaire pour mieux comprendre le projet de la librairie dans ses relations avec son environnement et tous ses enjeux dans l’esprit de Didier et Cathy.

Et Cathy justement, d’où vient t-elle ? Et bien d’une famille de trois enfants et d’un parcours professionnel l’ayant amené dans l’insertion professionnelle en général et, en particulier, au milieu des années quatre vingt dix, d’un projet d’accompagnement vers l’emploi de 300 conjoints de salariés d’Air Inter. « J’y développe des réseaux qui me seront bien utiles ».

Catherine

Les deux se rencontrent un beau jour. Et « on arrivait un peu au bout de quelque chose sur le plan professionnel. On voulait tous les deux autre chose. On a commencé à réfléchir. On voulait, je crois tous les deux, mener à bien un projet socialement utile. Et puis un soir qui s’est transformé en nuit, on s’est posé la question que je posais moi même à mes conjoints (tes) d’Air Inter. A savoir : qu’est ce qui vous fait rêver ? « 

Cette nuit là, fondatrice, éclaircit les choses. Au petit matin, quelque chose a changé. Pour Didier, c’est les livres. Qu’il aime depuis tout gamin. Et surtout l’histoire. Avant de suivre une autre destinée, à courir derrière d’autres choses. Pour Cathy, ce serait de créer des espaces de rencontres, où l’échange est facile. Et bien sacrebleu, créons un lieu de rencontres autour du livre. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Et une fois que la décision est formalisée ( le premier week-end de décembre 1998, les mémoires sont formelles sur ce point ), le moins qu’on puisse dire est que ça va vite. On fait le tour des villages pour trouver un lieu, un espace. Et puis un jour, on franchit la porte du village de Sarrant. «  Et là, il se passe quelque chose. On imagine tout de suite la suite. En mars ou en avril, on rencontre le propriétaire de ce qui n’était qu’un hangar, les réserves de l’ancienne épicerie, au beau milieu du village. On achète au dessus du marché d’ailleurs : une quinzaine de milliers d’euros. On chiffre les travaux de rénovation à 25000 euros. Je vends un studio que j’avais pour financer.

Les nuits de Sarrant

Les travaux durent neuf mois, de la Toussaint 1999 à juillet 2000. En même temps, on continue nos activités professionnelles respectives, on peaufine le projet, ce sera une tartinerie, parce que c’est moins contraignant qu’un restaurant et qu’on peut trouver tout ce dont on en besoin à côté, avec des producteurs locaux. On crée une association pour gérer les activités de ce qu’on va proposer : ce sera l’association LIRES pour Lieu pour l’Initiative, la Rencontre et l’Echange à Sarrant ». Un nom, déjà tout un programme. «  Parallèlement, on monte des dossiers pour récupérer quelques sous à droite et à gauche. Et là, c’est simple, on est ramassé par à peu près tout le monde. On fait faire une étude de marché qui était négative évidemment puisque la demande n’existe pas encore. La demande, c’est à nous de la créer… La CCI ne nous octroie aucune aide puisque elle pense que ce ne peut pas être rentable, les milieux culturels nous disent en substance : « mais personne ne lit dans le Gers », pensent aussi qu’une tartinerie ne saurait être un espace dédié à la culture… Ca, ça a été un vrai coup dur, découvrir que les gens du livre avait cette vision négative du contexte : «  vous n’imaginez quand même pas vendre des livres à Sarrant »… Heureusement, on a nos propres réseaux personnels : c’est ainsi qu’on arrive à glaner quelques 15000 euros de la part de la région Midi Pyrénées. On va engager quelques 70000 euros au total. Ce sont nos propres deniers. A tel point que, plus tard, quand on voudra acheter une maison pas trop loin de Sarrant, c’est quand même plus pratique, Cathy connaît quelqu’un au crédit coopératif qui veut bien nous faire un prêt… à condition qu’on soit un peu flou sur sa destination… Parce qu’on frôle le surendettement !

Nous, on fonce… On imagine toutes les activités qu’on va devoir proposer pour faire venir les gens aux livres. Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit. Il va falloir aller les chercher les gens, ils ne viendront pas tout seul. D’où l’importance des tartines. Tout le monde ne franchit pas naturellement les portes d’une librairie, mais tout le monde aime les tartines de grand mère. On avait rencontré des gens en Espagne qui avait ouvert un espace de restauration comme ça et ils nous ont vraiment inspiré, on a été les voir ». Et puis il y a tout le reste… Mais d’abord et surtout, il faut préciser le projet … Oh, ça, c’est pas faute d’y réfléchir, mais le projet a évolué au fil du temps. Mais dés le début, on a su qu’on voulait des tartines, de quoi boire un coup, mettre en avant des petits éditeurs, des livres qu’on aimait ( et c’est pas une petite bataille !), mais ça a été facilité par le fait qu’on était si petit et si loin que personne s’intéressait à nous, du coup, on a fait et pu vendre ce qu’on a voulu, les représentants ne venaient pas jusqu’à nous ! Mais surtout, moi, je venais du monde agricole pour faire du développement local avant de me jeter dans l’action culturelle, on voulait faire en sorte, mais on savait pas trop comment au début hein !, faire en sorte que la librairie devienne un acteur du territoire. Ca nous tenait vraiment à cœur.  C’était même le cœur du projet.»

On est interrompu par Laura qui cherche à savoir s’il reste des exemplaires d’un bouquin dont elle a oublié le nom. Didier descend voir. Et moi, je prends quelques photos des lieux de notre rencontre. Regarde tout autour.

25000 livres me regardent déambuler dans les deux pièces du haut. Qui s’étalent au bout du petit escalier en bois verni et re-verni, patiné par le temps. Qui gémit légèrement sous la chaussure. La première à gauche abrite une espèce de grand bureau saturé de piles de bouquins et de papiers, de dossiers plus ou moins récents, de tasses de café laissées là, des crayons et des stylos épars ; l’autre abrite, du plancher jusqu’au plafond, la « librairie des territoires » où on ne trouve que des ouvrages sur le sujet du développement local. Ca déborde, ça s’empile, ça dégueule… Des grains de poussière s’envolent et cristallisent dans les halos lumineux des fenêtres donnant sur la rue ou sur l’église. Je médite un court instant sur le mur de  cet édifice moyenâgeux, que je pourrais presque toucher du bout des doigts en ouvrant la fenêtre, mur sur lequel je sais que Didier a fait projeter un beau soir d’été un film sur Chomski, le linguiste américain anarchiste. Si c’est pas de l’humour ça…

la grange

Tiens revoilà justement Didier, c’est drôle mais il ne fait pas craquer l’escalier lui !

Il s’installe comme s’il n’était jamais parti. Il faut dire quelque chose sur les yeux de Didier quand même. Ils semblent toujours en éveil, comme si le cerveau en arrière plan enregistrait en continu et très souvent c’est comme s’ils esquissaient un rire, une joie, une invitation à la fête.

Mais lui continue comme si de rien n’était : «  On voulait certes un lieu pour se distraire, mais, au delà, il s’agissait d’éduquer et de s’éduquer… Au fonds, je ne sais pas à quel moment on l’a réellement formulé à peu près clairement, mais il s’agissait de mettre le livre au centre de la vie sociale… Ouhais, c’était ça. Mais ça, je le dis après ? C’est plus facile. Je crois que l’histoire de ce lieu, c’est une histoire de sérendipité..».

C’est à dire ? Et bien, tout ne s’est pas passé comme prévu. Loin de là ! Ce qu’est la librairie maintenant, et tout ce qui l’entoure, c’est aussi une histoire de rendez vous et de rencontres qu’on peut pas prévoir. Y’a eu Tatoulu, la rencontre avec l’illustration, des éditeurs qu’on ne connaissait pas, des amis, des amis d’amis. Par exemple tiens, j’ai jamais pensé que je deviendrais quasiment consultant en création de lieux culturels. Et pourtant, on a conseillé la création de la librairie ouverte par le Cheyne Editeur au Chambon sur Lignon, celle d’Ardelaine en Ardéche. On est devenu amis avec les Barras qui sont à l’origine de cette folle aventure autour de la laine. Comment tu veux prévoir ça ? Et puis la rencontre avec Dominique Piveteau et son projet Tatoulu. Comment j’aurai pu imaginer que je deviendrai président du conseil de développement local ? C’est d’ailleurs la rencontre avec Dominique qui m’a amené à me poser d’autres questions, m’interroger sur la dimension politique de nos actions ici. Un beau jour, il m’a dit comme ça : une librairie, c’est bien, mais quel est le projet politique ?

Claire

Laura

Je ne sais pas si tu as vu mais il y a bien en évidence cette affiche dans la librairie qui dit en gros caractères rouges «  Tout est politique ». Oui, j’ai vu. Et bien qu’est ce que ça veut dire cette affiche ? Que faire autrement est possible, toujours possible. Et puis je suis devenu éditeur. Aussi… On peut pas prévoir, c’est tout.. On prend une route et puis… Le métier de libraire, on l’a appris sur le tas. Jour après jour. On connaissait rien des us et coutumes du milieu. Rien. C’est comme ici, on n’est pas du Gers, ni l’un ni l’autre. Au départ, on connaît pas grand monde. Nos premiers clients, ils venaient pour nous faire plaisir. Mais de loin. Et puis, dés le départ, on a eu une bonne presse, le Pernault sur TF1, deux ou trois reportages de ci de là… Et puis… Tu t’aperçois que les choses s’enchaînent.. Mais, encore une fois, c’est imprévisible… ».

Jour de fête à la librairie

Autour de deux éditeurs et de l'illustration

Au fait Didier, tu sais où sont les verres ? Parce qu’on va pas boire le vin chaud dans du plastique quand même !  Ca la fout mal…

Là, c’est Alix qui passe la tête par la porte et qui fait les derniers préparatifs pour recevoir au mieux les curieux cette après midi et toute la journée du lendemain. Didier râle un peu pour la forme mais lui emboîte le pas. Pas de chance avec la météo. Le soleil radieux de ce matin cède de plus en plus de terrain à de gros nuages qui s’amoncellent et n’amènent en général rien de bon quand on organise des rencontres.

Je reste là à faire quelques photos des piles de livres éparses ou des inscriptions murales. Je pense effectivement à la gageure que ça représente de faire venir 15000 personnes par an dans ces murs pour acheter suffisamment de bouquins et mangé suffisamment de tartines permettant de faire vivre quatre personnes. Je pense aussi à Didier et Cathy qui sont devenus au fil du temps bien plus que de simples libraires. Les voilà co-organisateurs de fêtes du livres (avec tatou’lu), sur le principe du prix littéraire, qui veut promouvoir les débats autour de la lecture et «  rendre possible un rapport insoumis à la lecture », débats intéressant potentiellement tous les gamins du département et au delà, des dizaines d’écoles, créant des groupes de lecteurs, des critères de sélection, un jury lors d’une grande fête organisée à Sarrant tous les ans depuis 2006. Les voilà éditeurs depuis 2010 avec la librairie des territoires. Les voilà organisateurs de rencontres, les rencontres de Sarrant sur «  la lecture, le lien social et le développement local » où il s’agit de mettre en réseau tous les acteurs du livre et sortir chacun de son isolement. Les voilà encore engagés dans la défense de l’illustration avec un festival tout d’abord, les Estivales de Sarrant, qui mettent en exergue, courant Juillet, cet art et ceux qui le font ou le diffusent, réunissant quelques milliers de visiteurs à chaque édition. Et maintenant prolongés par une volonté de création d’une maison de l’illustration (déjà évoquée par ailleurs) et concrétisée par l’achat de la dite maison située de l’autre côté de l’église, à vingt mètres de la librairie ainsi que par la création d’une association gestionnaire ( les AMIS : une cinquantaine de membres dont 21 membres de la SCI propriétaire). Les voilà consultants et consultés fréquemment. d’ailleurs. Les voilà organisateurs d’événements réguliers tels que le mois de l’éditeur ou un éditeur jugé intéressant est invité pendant un mois avec livres et auteurs. En général, ce sont de « petits » éditeurs. Des noms ? Agone, Zulma, la fosse aux ours, le Cheyne Editeurs, Finitude, Passage du Nord-Ouest… ont eu les honneurs de la librairie et le petit bonheur de goûter aux tartines… Et des concerts. Et des ateliers. Et des conférences. Une moyenne d’une bonne quarantaine d’animations par an, petites ou grandes. Une par semaine donc. Ou presque.

la maison de l'illustration

Maintenant, Didier et Catherine aspire à profiter des joies de la retraite . Et à passer la main à la librairie. Didier est effectivement à la retraite depuis quelques années maintenant. Catherine est toujours salariée de la librairie. Mais tous les deux ne veulent pas vendre, ils veulent transmettre. Didier insiste sur ce point. Très important à ses yeux. Il faudra que le ou la ou les repreneurs s’engagent à respecter un cahier des charges très précis. Et d’abord celui de conserver le lieu à Sarrant et les salariés. Etre garant d’un esprit. Mais, comme nous le dit Didier, «  de temps en temps, il faut changer le capitaine dans un bateau. Sinon, le message finit par n’être plus aussi bien reçu… ». Il est temps de passer la main donc… mais pas dans n’importe quelle conditions..  On les comprend un peu, nos deux tourtereaux.

On les comprend même beaucoup pour tout dire. C’est pas loin de ressembler à l’oeuvre de toute une vie… Faut dire aussi que c’est un bel adolescent, cette librairie, solide, avenante, sûre de ses valeurs… Qui peut voyager maintenant… C’est Cathy qui aura le dernier mot : « Moi, avant tout ça, je croyais être militante. Mais il a fallu être encore plus que militante. J’ai eu l’impression de me battre en permanence, être dans un bateau où il faut ramer continuellement. Mais à contre-courant. Il a fallu être très utopique pour y croire… Parce que souvent, on se sent très seuls quand même. Les gens ne comprennent pas toujours ce que vous voulez faire.

Et si C’était à refaire ? Et bien je le referai. Sans aucun doute... Oui, y a pas de doute...»

Et l’essentiel est dit, non ?

Et pour finir  la voix de Didier d’abord qui explique mieux que personne ce qu’est l’esprit de sa « petite entreprise » :

 

 

Et puis cette petite vidéo où Cathy fait de même, dans sa robe noire, devant un aréopage d’amis, devant la porte de la librairie, juste sous le clocher de l’église :